34
Frank

Ils s’arrêtèrent devant le perron. Comme le redoutait Frank, plusieurs feux de camp brillaient dans le noir, encerclant complètement le terrain de Grand-mère, mais la maison elle-même semblait épargnée.

Le carillon de Grand-mère tintait dans la petite brise du soir. Sur la galerie qui prolongeait le perron, son fauteuil d’osier, tourné vers la route, était vide. Il y avait de la lumière aux fenêtres du rez-de-chaussée, mais Frank décida de ne pas sonner. Il ne savait pas quelle heure il était, si Grand-mère dormait, ni même si elle était à la maison. Il préféra aller voir dans le coin de la galerie, sous le petit éléphant en pierre – une version miniature de la statue de Portland. Effectivement, il trouva le double de la clé sous une patte.

Devant la porte, Frank hésita.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Percy.

Frank se souvenait du matin où il avait ouvert cette même porte à l’officier qui lui avait annoncé la mort de sa mère. Il se souvenait d’avoir descendu les marches du perron pour aller à son enterrement, tenant le tison dans sa poche de blouson pour la première fois. Il se souvenait qu’il avait regardé, du seuil de cette porte, les loups sortir du bois. Les serviteurs de Lupa, qui allaient l’emmener au Camp Jupiter. Tout cela paraissait si loin, pourtant ça ne datait que de six semaines.

Il était de retour, à présent. Grand-mère allait-elle l’embrasser ? Lui dirait-elle : « Frank, te voilà, loués soient les dieux ! Je suis encerclée par des monstres ! »

Elle risquait davantage de le gronder ou de les prendre pour des cambrioleurs, et les chasser en agitant une poêle à frire.

— Frank ? demanda Hazel.

— Ella inquiète, marmonna la harpie, qui s’était perchée sur la balustrade de la galerie. L’éléphant… l’éléphant regarde Ella.

— Ça va aller. (Frank tremblait tellement qu’il eut du mal à introduire la clé dans la serrure.) Mais restons groupés.

À l’intérieur, la maison sentait le renfermé. D’habitude, un parfum d’encens au jasmin flottait dans l’air, mais là, les brûle-encens étaient tous vides.

Ils firent le tour du living-room, de la salle à manger et de la cuisine. Des assiettes sales étaient empilées dans l’évier, ce qui était complètement anormal. La femme de ménage de Grand-mère venait tous les jours.

Avait-elle eu peur des géants ? se demanda Frank. Ou s’était-elle fait dévorer ? Ella avait dit que les Lestrygons étaient cannibales.

Il chassa cette idée de son esprit. Les monstres ignoraient les mortels ordinaires. Du moins, en règle générale.

En entrant dans le petit salon, ils se heurtèrent aux sourires de clown psychotique des statues du bouddha et d’immortels taoïstes. Frank se rappela la déesse Iris, qui donnait dans le bouddhisme et le taoïsme. Une visite dans cette vieille demeure sinistre lui ferait sans doute passer ses velléités, se dit-il.

Les immenses vases de porcelaine de Grand-mère étaient couverts de toiles d’araignée. Là encore, ce n’était pas normal. Elle tenait à ce que sa collection soit époussetée régulièrement. En regardant les vases, Frank eut un pincement de remords d’en avoir cassé autant, le jour de l’enterrement. Ça lui semblait tellement idiot, maintenant, de se fâcher contre Grand-mère alors qu’ils étaient si nombreux à lui faire du tort : Junon, Gaïa, les géants et son père, le dieu Mars. Surtout Mars.

La cheminée était sombre et froide.

Hazel serra les bras contre la poitrine, comme pour empêcher le tison de sauter dans l’âtre.

— Est-ce que c’est…

— Oui, lui répondit Frank. C’est là.

— C’est là quoi ? demanda Percy.

La compassion se lisait sur le visage d’Hazel, ce qui ne fit qu’augmenter le malaise de Frank. Il se souvenait de son air horrifié lorsqu’il avait invoqué Gray.

— C’est la cheminée, dit-il à Percy, ce qui semblait d’une évidence stupide. Venez, allons voir en haut.

Les marches grincèrent sous leurs pas. La chambre de Frank n’avait pas changé. Tout y était, tel qu’il l’avait laissé : son arc et son carquois de rechange (ne pas oublier de les prendre), ses prix d’orthographe de l’école (ouais, il devait être le seul demi-dieu non dyslexique et champion d’orthographe au monde, comme s’il n’avait pas assez de tares comme ça), et les photos de sa mère – assise sur un Humvee dans la province de Kandahar, avec son casque et son gilet pare-balles ; dans son uniforme d’arbitre de foot, l’année où elle avait entraîné l’équipe de Frank ; les mains sur les épaules de son fils, à la journée d’orientation professionnelle du lycée.

— C’est ta mère ? demanda doucement Hazel. Elle est belle.

Frank se trouva incapable de répondre. Il était un peu gêné – un gars de seize ans qui avait des photos de sa mère dans sa chambre. Ridicule, non ? Mais, surtout, il était triste. Six semaines. D’un côté, ça lui semblait une éternité. D’un autre, maintenant qu’il regardait le visage souriant de sa mère sur les photos, la douleur de l’avoir perdue était aussi vive qu’au premier instant.

Ils firent le tour des autres chambres. Les deux du milieu étaient vides. Une faible lueur filtrait sous la dernière porte, celle de Grand-mère.

Frank frappa doucement. Pas de réponse. Il ouvrit la porte. Grand-mère était allongée sur le lit, frêle et émaciée, ses cheveux blancs entourant son visage comme la collerette d’un basilic. À son chevet était assis un homme en treillis beige de l’armée canadienne. Malgré l’obscurité, il portait des lunettes noires, et deux points de lumière rouge sang transperçaient les verres.

— Mars, murmura Frank.

Le dieu tourna la tête, imperturbable.

— Salut petit. Entre. Dis à tes copains d’aller prendre l’air.

— Frank ? chuchota Hazel. Tu as bien dit « Mars » ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Et ta grand-mère… ça va ?

Frank jeta un coup d’œil à ses amis.

— Vous ne le voyez pas ?

— Qui ça ? (Percy dégaina son épée.) Mars ? Où ça ?

Le dieu de la Guerre gloussa.

— Nan, ils peuvent pas me voir. Je me suis dit que ce serait mieux, pour cette fois. Un petit tête-à-tête père-fils, tu vois ?

Frank serra les poings. Il compta jusqu’à dix avant de se sentir assez ferme pour parler.

— C’est rien, les mecs. Dites, si vous preniez les chambres du milieu ?

— Toit-toit, lança Ella. Les toits c’est bien pour les harpies.

— Pas de problème, dit Frank, en état de choc. Il y a certainement à manger dans le frigo. Vous pouvez me laisser seul avec ma grand-mère quelques minutes ? Je crois qu’elle…

Sa voix se brisa. Il ne savait pas s’il avait envie de pleurer, de hurler, de frapper Mars dans ses lunettes, ou les trois à la fois.

Hazel posa une main sur son bras.

— Bien sûr, Frank, dit-elle. Venez, Ella et Percy.

Frank attendit que les pas de ses amis s’éloignent. Puis il entra dans la chambre et referma la porte derrière lui.

— Est-ce vraiment toi ? demanda-t-il à Mars. Ce n’est pas une illusion ou un subterfuge quelconque ?

Le dieu secoua la tête.

— Tu préférerais que ce ne soit pas moi ?

— Oui, avoua Frank.

— Je te comprends, dit Mars en haussant les épaules. Personne n’aime voir venir la guerre. Personne de sensé. Mais la guerre rattrape tout le monde, un jour ou l’autre. C’est inévitable.

— C’est idiot, rétorqua Frank. La guerre n’est pas inévitable. Elle tue des gens. Elle…

— … t’a pris ta mère, compléta Mars.

Frank aurait voulu gifler ce visage calme, mais peut-être était-ce juste l’aura de Mars qui le rendait agressif. Il baissa les yeux vers sa grand-mère, qui dormait paisiblement. Il aurait bien aimé qu’elle se réveille. S’il y avait une personne capable de tenir front au dieu de la Guerre, c’était elle.

— Elle est prête à mourir, dit Mars. Elle est prête depuis des semaines, mais elle s’accroche pour toi.

— Pour moi ? (Frank était tellement stupéfait qu’il en oublia sa colère.) Pourquoi ? Comment pouvait-elle savoir que j’allais revenir ? Je ne le savais pas moi-même !

— Les Lestrygons qui campent dehors le savaient. Je suppose que la déesse qui-tu-sais le leur a dit.

Frank écarquilla les yeux.

— Junon ?

Le dieu de la Guerre éclata d’un rire si tonitruant que les carreaux tintèrent, mais Grand-mère ne tressaillit même pas.

— Junon ? Par un sanglier à moustaches, petit… Pas Junon ! Tu es la botte secrète de Junon, elle n’aurait pas intérêt à te trahir. Non, je voulais parler de Gaïa. Visiblement, elle te suit à la trace. Je crois que tu l’inquiètes plus que Percy, Jason ou n’importe lequel autre des Sept.

Frank crut voir la pièce chavirer. Il aurait bien aimé pouvoir s’asseoir.

— Les Sept… tu parles de l’ancienne prophétie, les Portes de la Mort ? Je fais partie des Sept ? Et Jason, et…

— Oui, oui. (Mars agita la main avec impatience.) Voyons, mon garçon, t’es censé être un bon tacticien. Réfléchis ! C’est évident que tes amis sont eux aussi prévus pour cette quête, en supposant que vous reveniez vivants d’Alaska. Junon compte unir les Grecs et les Romains et les envoyer ensemble affronter les géants. Elle pense que c’est le seul moyen d’arrêter Gaïa.

Mars haussa les épaules, comme pour signifier qu’il n’était pas convaincu par ce plan.

— En tout cas, reprit-il, Gaïa, elle, ne veut pas que tu fasses partie des Sept. Pour Percy Jackson, elle a l’air de croire qu’elle peut le maîtriser. Tous les autres ont des faiblesses dont elle peut tirer parti. Pas toi… donc tu l’inquiètes. Elle préférerait te tuer tout de suite. C’est pour ça qu’elle a invoqué les Lestrygons. Ils sont là depuis plusieurs jours, à t’attendre.

Frank secoua la tête. À quoi jouait Mars ? Comment croire que lui, Frank, pouvait causer de l’inquiétude à une déesse ? Alors qu’en plus il y avait quelqu’un de l’acabit de Percy Jackson pour lui donner du fil à retordre.

— Pas de faiblesses ? demanda-t-il. Je n’ai que des faiblesses. Ma vie elle-même dépend d’un bout de bois !

Mars sourit.

— Tu te sous-estimes. Toujours est-il que Gaïa a convaincu les Lestrygons que s’ils dévoraient le dernier membre de ta famille, c’est-à-dire toi, ils hériteraient du don de la lignée. Est-ce vrai ou faux, j’en sais rien. Mais les Lestrygons ont hâte d’essayer.

Frank sentit son ventre se serrer. Gray avait tué six ogres, mais à en juger par le nombre de feux de camp qui entouraient la propriété, il en restait des dizaines – tous impatients de se partager Frank au petit déjeuner.

— Je vais vomir, dit-il.

— Mais non. (Mars claqua des doigts et la nausée de Frank se calma.) Le trac du combat. Ça nous arrive à tous.

— Mais ma grand-mère…

— Oui, elle t’attend pour te parler. Jusqu’à présent les ogres l’ont laissée tranquille. C’est l’appât, tu comprends ? Maintenant que tu es là, à mon avis ils ont déjà senti ta présence. Ils attaqueront au matin.

— Sors-nous de là, alors ! demanda Frank. Claque des doigts et fais sauter les cannibales.

— Ha ! Ce serait marrant. Mais je ne peux pas mener les combats de mon fils à sa place. Les Parques ont des idées très précises sur les tâches qui incombent aux dieux et celles qui reviennent aux mortels. C’est ta quête, petit. Et, au cas où tu n’aies pas encore fait le calcul, ton javelot ne sera pas réutilisable avant vingt-quatre heures, alors j’espère que tu as appris à te servir du don familial. Sinon, tu es bon pour servir de petit-déj’ aux cannibales.

Le don familial. Frank voulait en parler avec Grand-mère, mais il n’avait plus personne d’autre à consulter que Mars. Il regarda le dieu de la Guerre, qui souriait sans la moindre compassion.

— Périclyménos, commença Frank, en articulant le nom soigneusement, comme lors d’un concours d’orthographe. Mon ancêtre. C’était un prince grec, un Argonaute. Il est mort en se battant contre Héraclès.

Mars, d’un geste enveloppant de la main, lui fit signe de continuer.

— Il avait un pouvoir qui l’aidait au combat. Une sorte de don des dieux. Maman m’a dit qu’il se battait comme un essaim d’abeilles.

— Oui, c’est pas faux, confirma Mars en souriant. Quoi d’autre ?

— Je ne sais pas comment, mais la famille s’est retrouvée en Chine. Je crois qu’à l’époque de l’Empire romain, un des descendants de Périclyménos était légionnaire. Ma mère me parlait d’un certain Seneca Gracchus, mais il avait aussi un nom chinois, qui était Sung Guo. Je crois, enfin là c’est la partie que je ne connais pas, mais Reyna disait toujours qu’il y avait de nombreuses légions perdues. La Douzième a fondé le Camp Jupiter. Il y a peut-être eu une autre légion qui s’est perdue en Extrême-Orient.

Mars applaudit silencieusement.

— Pas mal, petit. T’as jamais entendu parler de la bataille de Carrhes ? Immense désastre pour les Romains. Ils ont combattu ces types qu’on appelait les Parthes, aux confins est de l’empire. Quinze mille Romains ont péri. Dix mille autres ont été faits prisonniers.

— Et l’un d’eux était mon ancêtre Seneca Gracchus ?

— Exactement, acquiesça Mars. Les Parthes ont mis les légionnaires qu’ils avaient capturés au travail, puisque c’étaient de bons combattants. Seulement à ce moment-là, la Parthie s’est fait envahir par des guerriers venant de l’autre direction…

— … les Chinois, devina Frank. Et les prisonniers romains ont changé de maître.

— Ouais. Un peu gênant. Enfin, c’est comme ça qu’une légion romaine s’est retrouvée en Chine. Les Romains ont fini par s’y enraciner et fonder une nouvelle ville appelée…

— Li-Jien, enchaîna Frank. Ma mère disait que c’était la ville de nos ancêtres. Li-Jien. Légion.

Mars avait l’air content.

— Maintenant, tu piges. Et ce vieux Seneca Gracchus possédait le don de ta famille.

— Maman m’a dit qu’il avait combattu des dragons, se souvint Frank. Elle disait qu’il était le plus puissant de tous les dragons.

— Il était bon, en convint Mars. Pas assez pour éviter la malchance de sa légion, mais bon quand même. Il s’est établi en Chine, a transmis le don familial à ses enfants, et ainsi de suite. Pour finir, votre famille a émigré en Amérique du Nord et s’est impliquée dans le Camp Jupiter…

— … Boucler la boucle. Junon a dit que je bouclerai la boucle pour la famille.

— On verra. (Mars donna un coup de menton vers la grand-mère de Frank.) Elle voulait te raconter tout ça elle-même, mais j’ai jugé bon de prendre un peu d’avance, vu que la petite vieille n’a plus beaucoup de forces. Alors, tu comprends ton don ?

Frank hésita. Il avait une idée, mais elle lui semblait dingue – encore plus dingue que celle d’une famille émigrant de Grèce à Rome en Chine au Canada. Il ne voulait pas le dire tout haut. Il n’avait pas envie de se tromper et d’essuyer les moqueries de Mars.

— Je crois, répondit-il. Mais, contre une armée de ces ogres…

— Ouais, ça va être chaud. (Mars se leva et s’étira.) Lorsque ta grand-mère se réveillera, au matin, elle t’offrira son aide. Ensuite, je suppose qu’elle mourra.

— Comment ? Mais je dois la sauver ! Elle ne peut pas me laisser comme ça.

— Elle a vécu une vie pleine, dit Mars. Elle est prête à passer à autre chose. Ne sois pas égoïste.

— Égoïste ? !

— Si ta vieille grand-mère a tenu aussi longtemps, c’est seulement par sens du devoir. Ta mère était pareille. C’est pour cela que je l’aimais. Elle faisait toujours passer son devoir en premier. Avant toute chose. Avant sa vie, même.

— Avant moi.

Mars retira ses lunettes. À la place des yeux, deux minuscules globes de feu bouillonnaient comme des explosions nucléaires.

— S’apitoyer sur soi-même n’avance à rien, petit. Ce n’est pas digne de toi. Même sans le don familial, ta mère t’a donné tes traits de caractère les plus importants : le courage, la loyauté, la jugeote. À toi de décider, maintenant, comment tu vas t’en servir. Demain matin, écoute ta grand-mère. Écoute ses conseils. Tu peux encore libérer Thanatos et sauver le camp.

— Et laisser ma grand-mère mourir toute seule.

— La seule chose qui rende la vie précieuse, c’est qu’elle a une fin, petit. C’est un dieu qui te le dit. Vous autres mortels, vous ne connaissez pas votre chance.

— Ouais, bougonna Frank. Une sacrée chance.

Mars rit – un son métallique et dur.

— Ta mère me citait souvent un proverbe chinois. « Pour goûter le doux… »

— « Pour goûter le doux, mange l’amer », le coupa Frank. Je déteste ce proverbe.

— Mais c’est vrai. Quelle expression utilisez-vous, aujourd’hui ? « On n’a rien sans rien » ? C’est la même idée. Si tu optes pour le truc facile, le truc séduisant, le truc tranquille, le plus souvent ça tourne à l’aigre. Mais si tu choisis la voie de la difficulté… ah, là tu vas connaître la douceur des récompenses. Le devoir. Le sacrifice. Il y a du sens à ces valeurs.

Frank était tellement dégoûté qu’il se sentait incapable de dire un mot. C’était ça, son père ?

Frank comprenait que sa mère avait été une héroïne, bien sûr. Il comprenait qu’elle avait sauvé des vies et fait preuve d’un grand courage. Mais elle l’avait laissé tout seul. Ce n’était pas juste. Ce n’était pas bien.

— Je vais partir, promit Mars. Mais une chose, d’abord. Tu as dit que tu étais faible. C’est faux. Tu veux savoir pourquoi Junon t’a épargné, Frank ? Pourquoi ce bout de bois n’a pas encore brûlé ? C’est parce que tu as un rôle à jouer. Tu penses que tu ne vaux pas les autres Romains. Tu penses que Percy Jackson vaut mieux que toi.

— Ben oui, grommela Frank. Il s’est battu contre toi et il a gagné.

Mars haussa les épaules.

— Peut-être que oui. Peut-être que non. Mais les héros ont tous un défaut fatal. Percy Jackson ? Il est trop loyal envers ses amis. Il est incapable de les laisser tomber, quel que soit l’enjeu. On le lui a dit, il y a plusieurs années. Et bientôt, il va être confronté à un sacrifice qu’il ne pourra pas faire. Sans toi, Frank – sans ton sens du devoir – il échouera. La guerre changera entièrement de cap et Gaïa détruira notre monde.

Frank secoua la tête. Il refusait d’entendre cela.

— La guerre est un devoir, poursuivit Mars. Ta seule latitude, c’est de l’accepter ou la refuser et de choisir au nom de quoi tu te bats. L’héritage de Rome est en jeu : cinq millénaires de droit, d’ordre et de civilisation. Les dieux, les traditions, les cultures qui ont façonné le monde dans lequel tu vis : tout cela va s’écrouler, Frank, si tu ne gagnes pas cette manche. Je crois que ça vaut la peine de se battre pour ça. Réfléchis-y.

— Et le mien, qu’est-ce que c’est ? demanda Frank.

Mars leva le sourcil.

— Le tien de quoi ?

— Mon défaut fatal. Tu dis que les héros en ont tous un.

Le dieu eut un sourire froid.

— À toi de trouver la réponse, Frank. Mais tu poses enfin les bonnes questions. Maintenant, dors un peu. Tu as besoin de repos.

Sur ces mots, le dieu agita la main. Frank sentit soudain ses paupières lourdes. Il s’affaissa par terre, et tout devint noir.

 

— Fai, disait une voix bien connue, dure et impatiente.

Frank cligna des yeux. Le soleil entrait à flots par la fenêtre.

— Fai, lève-toi. J’aimerais bien gifler ta petite tête d’andouille, mais je ne suis pas en état de sortir de mon lit.

— Grand-mère ?

Il distingua alors son visage, penché vers lui depuis le lit. Il était allongé par terre. Quelqu’un lui avait mis une couverture et un oreiller sous la tête pendant la nuit, mais il n’avait aucune idée de qui ni comment.

— Oui, mon stupide bouvillon. (Grand-mère était toujours pâle et paraissait terriblement faible, mais sa voix était plus tranchante que jamais.) Maintenant, lève-toi. Les ogres ont encerclé la maison. Nous avons beaucoup de choses à voir si nous voulons que vous sortiez d’ici vivants, tes amis et toi.

Le Fils de Neptune_By Sly
titlepage.xhtml
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_000.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_001.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_002.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_003.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_004.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_005.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_006.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_007.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_008.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_009.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_010.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_011.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_012.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_013.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_014.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_015.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_016.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_017.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_018.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_019.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_020.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_021.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_022.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_023.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_024.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_025.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_026.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_027.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_028.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_029.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_030.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_031.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_032.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_033.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_034.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_035.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_036.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_037.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_038.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_039.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_040.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_041.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_042.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_043.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_044.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_045.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_046.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_047.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_048.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_049.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_050.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_051.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_052.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_053.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_054.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_055.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_056.htm
Le Fils de Neptune [Heros de l'Olympe 02] Rick Riordan_By Sly_split_057.htm